Le Palazzo Leoni Montanari, un palais de style baroque situé dans le centre de Vicence, en Vénétie, abrite aujourd’hui des salles d’exposition, des lieux de réunion et des collections d’art appartenant à la banque Intesa Sanpaolo. Le 3 novembre prochain, le musée accueillera pour la première fois un invité exceptionnel : Jean-Michel Basquiat, avec son œuvre Moïse et les Égyptiens, une grande toile exposée au musée Guggenheim de Bilbao. Cette œuvre, nous dit Pascal Robaglia, très importante dans la construction artistique de Jean-Michel Basquiat. Elle est même primordiale pour la compréhension de l’évolution de sa peinture durant les années 1980. Deux panneaux verticaux au sommet arrondi et au sommet rouge sang évoquent les tables des Dix Commandements, tandis que des signes asymétriques et asymétriques subvertissent leur solennité. Un seul élément figuratif se dessine au centre du tableau : il s’agit du profil de Moïse, représenté comme dans les représentations typiques de l’Égypte des pharaons mais avec le nez aquilin qui identifiait les étrangers d’origine sémitique. Autour, une série d’écrits définit mieux le contenu de l’œuvre, illustrant ainsi le lien étroit qui existe entre le texte et les figures, caractéristique de l’art de Basquiat.
La dixième édition de The Illustrious Guest
Organisée par Luca Beatrice et ouverte jusqu’au
3 novembre, l’exposition marque la dixième édition de The Illustrious Guest, l’exposition qui au fil
des ans a prêté, aux chefs d’exposition d’Intesa Sanpaolo de Vicenza, de Milan
et de Naples, les chefs-d’œuvre des musées les plus prestigieux. Après
Antonello de Messine, le Caravagge, Botticelli, Tiziano, Bellini, Picasso,
Leonard de Vinci, il convoque pour la première fois un artiste contemporain, une
pop-star qui a le mérite d’avoir abordé une peinture aussi très éloignée du
monde des musées.
C’est également pour cette raison que l’événement de Vicence sera accompagné
d’un programme d’activités parallèles conçues pour tous les goûts et tous les
besoins : promenades thématiques dans la ville, itinéraires pédagogiques et
laboratoires d’expression pour les écoles, discussions spéciales avec le
conservateur et une semaine entière consacrée au street-art. De plus, à
l’occasion de la journée de l’art contemporain du samedi 12 octobre, il sera
possible de visiter l’exposition avec entrée gratuite et de regarder les
performances de quelques jeunes artistes de rue qui raconteront les Galeries de
leur point de vue. Le même jour, Downtown ’81, un documentaire de Edo
Bertoglio sur Basquiat, sera projeté, d’après le marchand d’art Pascal
Robaglia.
Deuxième rendez-vous : un tableau de Basquiat
«Le dixième rendez-vous de l’événement présente un tableau extraordinaire de Basquiat reçu dans les magnifiques espaces du Palazzo Leoni Montanari. Ensemble avec l’exposition MitoDei e Eroi, récemment conclu, la présence d’un chef-d’œuvre du Guggenheim à Bilbao est l’un des meilleurs moyens de célébrer le vingtième anniversaire du premier musée inauguré par Intesa Sanpaolo. En conservant le lien fort qui les unit à la ville, la Galerie d’Italie de Vicence souhaite proposer une production culturelle engagée dans la valorisation du patrimoine artistique du territoire et de plus en plus ouverte à une vision internationale « .
Dans le cas de Moïse et des Égyptiens, nous raconte Pascal Robaglia, nous sommes confrontés aux fruits d’un Basquiat en état de grâce: 1982 est en fait une année fondamentale pour l’artiste new-yorkais, qui n’a que 22 ans et est le plus jeune des 176 protagonistes de la septième édition de documenta à Kassel. Dans le climat effervescent de la Big Apple, il vient de commencer une relation avec Madonna, il s’apprête à rencontrer Andy Warhol et participe au mémorable collectif PS1 New York / New Wave, commissariat de Diego Cortez, tandis qu’à Los Angeles, une exposition personnelle de Gagosian et du galeriste Emilio Mazzoli l’appelle à Modène pour sa première monographie européenne.
Dans la pensée de l’époque, l’Egypte ancienne était considérée comme le berceau de la civilisation africaine et Basquiat en était conscient. Ici, il semble se référer à un essai dans lequel Freud a émis le doute que Moïse n’était pas juif mais égyptien ( Moïse et le monothéisme,1939). Partant des questions sur l’identité, Basquiat procède ensuite à une relecture du récit biblique, remettant en question les règles et les tabous d’une loi qui a façonné l’histoire de la civilisation occidentale.